17.7.13

Elvis For Ever - Part I & II

Je ne sais pas exactement combien il y a de taxis à Tel Aviv, j'ai jamais compté, mais de jour comme de nuit il me semble parfois être plus nombreux que les habitants...J'ai du en prendre environ 10 depuis mon arrivée, il y a 4 mois. 

La probabilité de rentrer dans le plus connu des taxis de la ville, était, si mes calculs imaginaires sont bons, de 0,12 %.
Non seulement je suis tombée dessus, mais pas qu'une fois...


Evis - Part I

Dans la rue Dizengoff, longue...très longue, il est 3h du matin, j'ai encore beaucoup d'argent à dépenser bêtement, je décide de me la jouer Rothschild et de rentrer en taxi à Givataïm, banlieue de Tel Aviv.
J'en laisse passer une dizaine, n'étant pas assez fatiguée pour me décider.
Finalement, mes pieds crient "famine", un taxi passe au même moment, je suis en route pour la maison, mes pieds me remercient.
Au volant du véhicule, un petit homme haut comme trois pommes, qui a du perdre la moitié de sa dentition et dont les origines doivent être marocaines ou irakiennes (à cette époque et encore maintenant je ne saisis pas toutes les nuances des visages israéliens).
Après m'avoir demandé mon adresse, il met en route le lecteur CD. Je reconnais vaguement la version My Way d'Elvis Presley, quelque chose cloche mais la fatigue aidant je me dis que l'enregistrement doit être pourri ou qu'Elvis était définitivement cuit quand il l'a fait. À la moitié du titre, le chauffeur se tourne vers moi et me dit que c'est lui qui chante. J'ai à peine le temps de comprendre, qu'il me montre l'album qui l'a fait à la mémoire du King et les articles qui racontent son histoire, publiés dans plusieurs journaux israéliens. Sur la pochette de l'album je reconnais notre chauffeur, photo en noir et blanc, pose de crooner, petit air d'un jeune Enrico Macias, au verso plus d'une vingtaine de chansons et d'autres photos de lui face au micro en pleine action. Fier, il augmente le volume et passe à un titre plus "swing" dont le nom m'échappe. 

    Je remercie à ce moment même le trafic inexistant dans la ville, les feux de circulations qui passaient très vite au vert... Non seulement je n'ai jamais eu d'atomes crochus avec Elvis, mais Monsieur le taxi driver massacrait le peu d'atomes qu'il me restait. J'essaye tout de même de m'intéresser à la passion du personnage. Malgré son amour pour le chanteur américain, son anglais reste très approximatif et mon hébreu est inexistant. 
Je décide alors d'opter pour le langage des signes, mais celui un chouia condescendant :
je balance ma tête de droite à gauche et tente de fredonner l'air de la chanson, que je n'ai jamais entendu de ma vie. 
Arrivée à destination, je paye, lui souhaite bonne nuit et rentre chez moi avec My Way en tête.

Quelques jours plus tard je raconte à une amie israélienne ma rencontre, elle m'apprend qui il est, chauffeur de taxi nationalement connu, sa passion pour le King a fait de lui une star. 


Presley - Part II

Deux mois plus tard, je retombe sur lui : même heure, même quartier, même discours, mêmes chansons, mêmes articles. Mon hébreu a évolué et je peux enfin communiquer avec lui.
J'apprends que notre chauffeur ne chante en live que pour ses proches, jamais pour les clients et qu'il ne peut expliquer sa passion, mais qu'il considère Elvis comme le plus grand de tous les plus grands, de tous les plus grands...

Si mes calculs sont bons, il travaille minimum depuis vingt ans, cinq jours par semaine, sept heures par jour. Il a donc écouté environ 34 000 heures d'Elvis Presley et ce juste, dans sa voiture. 
Si j'en crois encore mes calculs, je pense que c'est un signe, qu'on ne rencontre pas deux fois en quatre mois le plus grand de tous les plus grands, de tous les plus grands chauffeur de taxi de Tel Aviv. 

Peut-être que moi aussi je dois m'y mettre à Elvis, ou que je dois passer mon permis "chauffeur de taxi" ou peut-être que je dois juste faire des photos en noir et blanc avec une pose de crooner et enregistrer des reprises de Barbara.




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