Il existe plus d’une dizaine de plages à Tel Aviv. Celle des
français, celle des chiens, celle où les jeux
de raquettes (matkot) sont
interdits, celle des homosexuels qui est d’ailleurs juste à côté de celle des
religieux…Elles ont toutes un point commun,
outre l’eau de mer, le sable, les parasols et les pigeons de mer (oui ils sont
différents de ceux de la ville, plus musclés,
plus bronzés aussi) elles sont liées par le même objet, un objet extrêmement
paradoxal : une balance. Pas celle où on pèse les patates et les olives,
non celle qu’on utilise pour se peser nous, êtres
humains, et qui se
trouve habituellement dans notre salle de bain…
Oui mesdames et messieurs, une balance analogique est
installée à chaque sortie de plages et elle est gratuite. Elles semblent toutes
marcher et sont, on peut le dire, complètement
inutiles.
Tout le monde y passe, les gens se disputent parfois
pour ne pas y passer les premiers. En début de semaine, deux amis se
promenaient, l’un d'eux voit la balance et dit à l’autre « monte », ce
dernier lui répond « non, toi le premier ! » s’en est suivi une
partie de chifoumi en 3 manches pour
savoir lequel allait devoir se peser en premier. Mais les gars avant même de
jouer j’ai envie de vous dire « mais pourquoi ? pourquoi
voudrais-tu te peser devant tout le monde, le
soir, alors que tu te promènes tranquillement
une glace à la main, avec une balance qui est si
ça se trouve mal réglée et qui va te saper le
moral pour le reste de la soirée ? Oui pourquoi ! »
Il y a trois jours j’ai donc essayé la balance, à côté de la
plage des homosexuels, j’ai d’abord oublié que je portais encore mon sac de
plage en montant dessus, (ce qui au fond ne changeait pas grand chose au
chiffre) et j’ai enfin compris l’intérêt.
Primo, seule la personne qui se pèse peut voir son poids,
elle peut donc mentir, personne ne vérifiera. Deuxio, tout réside dans le
processus de culpabilité.
En effet, à peine installée dessus, j’ai ressenti un espèce
de soulagement, une pensée m’a traversée : « c’est
bon tu as fais ta B.A du jour, tu as vérifié ton poids, tu as pris soin de ton
corps ». Bah oui bien sûr que je me suis dis ça, la moitié des chiffres ne
s’inscrivent pas correctement sur l’écran : par exemple, on a donc le
premier bâton du chiffre 8 qui peut aussi être le bâton du 6 ou du 1. Ca fait
donc plaisir au moral, rien n’est précis mais le
sentiment reste le même : je me suis pesée
devant plein de gens, j’assume mes rondeurs et je les assume tellement que je
vais faire comme si je n’avais pas compris le
poids inscrit et vais manger une glace, là, maintenant, tout de suite !
Très bien!!
RépondreSupprimerJe ne savais pas pour les balances.
RépondreSupprimerjolie facon de voir les choses. beaucoup de vivacite dans l'apercu et l'ecrit. bravo
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