23.12.13

Chicken Soup

Il y a quelques jours je suis tombée malade, rien de grave, petit rhume de rien du tout qui te fait couler du nez, parler comme Jeanne Moreau et qui te fait sentir comme un mollusque dépressif. Pas question de laisser traîner ça, j'opte pour l'option old school, la soupe de poulet !
Je me rends de très bon matin au super marché en bas de chez moi, directement au rayon boucherie pour m'acheter un bon morceau de poulet rempli de trucs vachement bien qui vont me sauver la vie. Une dame, âgée d'environ 50 ans, "blonde", pas très aimable, s'occupe de moi. 
"Bonjour Madame, voilà je suis malade j'aimerais me faire une soupe de poulet, je n'ai aucune idée de ce que je dois prendre, mais vous n'auriez pas une idée par hasard ?" Elle me regarde avec un sourire digne du requin vedette des Dents de la mer, et me demande de répéter car elle n'a rien compris. En même temps, elle n'était pas préparée à mon nez bouché, ma voix de gitane et mon accent français.
Je me racle élégamment la gorge et reformule ma demande. 
Elle me demande combien de personnes sont malades, je lui dis que la soupe est que pour moi, elle me montre alors une cuisse et haut de cuisse et me dit que ça suffira.
Au même moment, une femme âgée d'environ 167 ans, arrive avec son caddie à côté de moi. Cheveux plus blanc que blanc, aussi grande qu'un gnome, habillée tout de noir, elle s'appuie sur la vitrine en verre et y colle son nez pour analyser les morceaux de viandes proposés. La bouchère, pèse le morceau de poulet et me demande avant de l'emballer si le veux avec ou sans la peau. 
Ce à quoi je n'en ai aucune idée. Je lui réponds par un "euh euh euh euh euh" très éloquent, elle reformule la question, persuadée que je ne l'ai pas comprise. Je demande aux deux ou trois neurones qui me restent de s'activer pour me balancer la réponse, mais persuadée que ce sont les os du poulet qui sont remplis des trucs vachement bien pour vaincre le rhume et que la peau est juste bourrée de graisse je lui dis qu'il est préférable d'enlever cette dernière. Oh grand malheur qu'as donc tu fais Sara ?! La mémé centenaire décolle d'un geste vif son pif de la vitrine et s'approche de moi de façon très inquiétante. L'image des zombies dans le clip de Thriller de Michael Jackson me vient tout de suite en tête. Avec la même démarche, elle se dirige vers moi et me demande : "Pourquoi sans la peau ?". "Parce que ça sert à rien non ? C'est rendre la soupe grasse pour rien non ?" La mémé se retourne vers la bouchère et lui dis de ne pas enlever la peau, elle me regarde de nouveau, arrive tout près de moi et prend ma main pour s'en servir de support, comme pour éviter de tomber. "Il s'agit donc d'une soupe de poulet ?". En même temps, je viens de le dire mémé, tentée de lui répondre "non, non s'agit d'un poulet tikka massala" j'invoque les dieux de la patience et de la gentillesse de m'aider et lui dis que je suis malade et que je pensais donc me faire une soupe de poulet.


                                          Illustration, Sarah Vieille

La bouchère commence à emballer mon morceau, sans même me demander mon avis. La mémé soupire, me lance un regard noir et me dit en chuchotant : "Il faut absolument la peau du poulet pour ta soupe, sinon ta soupe ne sert à rien, comment comptes tu guérir sans ta soupe ?" Elle reste bloquée sur moi et semble attendre une réponse intelligente de ma part puis me relance : "Une soupe de poulet sans la peau du poulet, c'est comme un mec sans couilles tu comprends ?" Mon coeur ne fait qu'un bon, la bouchère explose de rire et une envie de vomir me vient subitement ! La mémé ne bronche pas et me regarde encore et encore. J'attrape à tâtons mon paquet sur le comptoir tout en reculant lentement à petit pas, persuadée qu'elle me changera en pierre si je me retourne. Elle finit par lâcher ma main et s'attrape tout de suite à la vitrine. Arrivée à une distance suffisante, je me tourne et pars en courant vers la caisse. 

Je retourne chez moi, traumatisée par cette comparaison et prépare ma soupe en essayant d'oublier ce que je viens d'entendre. Après deux heures de cuisson, je suis prête à avaler mon médicament. À peine la première cuillère dans ma bouche je repense à cette mamie millénaire qui me parle d'hommes sans testicules et éclate de rire, me brûle et m'étouffe en même temps. 
Je reprends mes esprits et finis par ingurgiter pendant un jour et demi de traitement près de trois litres de soupe. 

Tour à tour ont déboulé dans son corps, Cruella, Tati Danielle et Lady Marmelade...

Longue vie à toi Medusa, j'ai la patate du siècle !!


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