22.3.14

Le grand méchant loup !

Le vendredi 23 janvier, j'ai passé le premier entretien d'embauche "important" de toute ma vie.
Il a duré à tout casser six minutes et s'est déroulé dans la quatrième dimension.
Je ne vais pas revenir sur le pourquoi du comment j'y étais, ni vous donner l'adresse des bureaux, mais seulement préciser que j'étais prévenue la veille pour le lendemain, que j'avais bizarrement super bien dormi et que j'y allais le coeur léger.

Rien de franchement dramatique dans cette histoire, pas de chute spéciale à attendre à la fin, ni de rebondissements extraordinaires, non, juste deux adultes assis dans un bureau qui discutent.

A la limite, la seule chose que je puisse dire de cet entretien, c'est que je rencontrais un des plus gros producteurs de film israélien, que je ne savais absolument pas quoi répondre à ce grand méchant loup, parce que je comprenais seulement 43% de ce qu'il disait...

Il a beau faire encore des films en 2014, le grand méchant loup est resté coincé dans les années 90. Il suffit de regarder, ses fringues, son téléphone, tout en fait...
Son bureau fait quatre mètres de long, 95% recouverts de paperasse, les cinq derniers pour cent sont destinés à son ordinateur, un PC tout pourri, dont l'écran mesure au moins 1 mètre de profondeur, avec un clavier aux touches illisibles et dont la souris fatiguée ne roule plus sur le tapis, elle rampe !
Il fume cigarette sur cigarette, personne n'a du le mettre au courant que depuis quelques années déjà, on ne peux plus fumer dans les lieux publics, ou c'est juste qu'il s'en fout peut-être...
Il fait un peu peur, il est grand, barbe blanche, cheveux courts même couleur, lunettes teintées, strabisme inexplicable (ce genre de strabisme où l'on ne sait pas quel oeil se barre en cacahuète, ni si le problème ne vient pas d'un manque de symétrie au niveau du nez, ou si juste en fait "il y a t-il vraiment un problème oui ou merde ?"), il a la voix de Jeanne Moreau, plus Moreau que Jeanne d'ailleurs et a le même rire que l'Oncle Ben's sauf qu'il n'a pas l'air du genre à vouloir t'inviter à manger une plâtrée de riz chez lui.

Après les banalités passées lors des deux premières minutes d'entretien (depuis combien de temps es tu Israel? tu parles bien anglais? tu as de l'expérience dans la production? comment ça va la famille hamdoula?) nous passons aux choses sérieuses: le salaire.
Mais depuis quand diable demande-t-on à quelqu'un combien il veut être payé par mois? 
Et pourquoi diable personne ne m'a prévenu qu'il allait me poser cette question?

Pas de panique, j'ai sauvé les meubles! Pour gagner du temps, j'ai d'abord prétendu ne pas avoir compris la question, mais le malin l'a reformulé en anglais pour être sûr de bien se faire comprendre. 
J'ai sorti alors un "7 000" (shekels) très naturellement, il a souri et m'a proposé le même chiffre mais avec 2 000 de moins, j'ai répondu sans réfléchir un "oui" enthousiaste et surtout complètement con... Une fois la connerie faite j'ai essayé de me rattraper en lui demandant net ou brut? Ce qui revenait exactement au même, puisque que net ou brut je n'avais même pas essayé de négocier une demi seconde!

Un sage m'a dit un jour "you live, you learn".

Rien à foutre! Au diable les varices! J'ai un travail qui me plaît et le sentiment d'être au service d'un cinéma indépendant qui se bat tous les jours pour sa survie, au milieu de vrais grands méchants loups: deux producteurs-distributeurs-magouilleurs qui raflent tout sur leur passage ! 

Moi, les grands méchants loups ne m'ont jamais fait peur, c'est les faibles agneaux qui les fuient qui me foutent plus la frousse...


2 commentaires:

  1. Enfin de retour !! Ça nous manquait beaucoup!!

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  2. Nous venons de découvrir ton blog, c'est un vrai régal. Surtout, ne laisse pas tomber tes lecteurs, ils attendent tous la suite avec impatience ! On t'embrasse toutes les 2.
    Camille et Françoise de Paris

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