19.10.13

The cake

L’avantage avec la nouvelle technologie c’est que l'on vit les moments de solitude d'un proche comme si on y était. Mon père, qui a été prof d’optique, opticien, père de deux merveilleuses filles, mari de la plus sympathique des femmes, qui sait pêcher avec une bouteille en plastique, qui sait rester plus de quatre heures sous l’eau sans respirer, qui danse avec les requins et parle avec les oursins, oui, mon père qui a arrêté l’école avant ses 16 ans et qui sait épeler correctement le mot Rhododendron, ne sait pas faire un gâteau au yaourt.
Il n’en est même pas proche, plus il essaye plus il s’en éloigne…
Il y a deux drames dans cette affaire. Le premier : mon père cuisine merveilleusement bien, il a le don de transformer tout ce qu’il touche en or, même un vulgaire bout de navet, car il l’écoute, le navet, mon père, il sait ce qu’il lui faut ! Le deuxième drame, c’est que je suis la spécialiste du gâteau au yaourt,  il aurait donc suffit de me demander la recette. En parlant de recette, qu’est ce qui a pu donc clocher dans cette dernière, pour pourrir la première tentative de mon père ? « Recette ? Mais de quoi parles tu Sara ? Je me suis inventé chef pâtissier et me suis dis que je pouvais, moi Neptune roi des loups de mer, préparer ce gâteau sans lire auparavant ne serait ce qu’UNE recette. Et en plus je ne voulais pas te déranger. »
Il n’y a rien à comprendre, aucun mystère à dévoiler, aucune explication pour cette infamie.

Papa, si je dévoile la conversation écrite que nous avons eu le jour de la tragédie, ce n’est pas pour me foutre de ta gueule, non, c’est pour te montrer à quel point je ne peux plus entendre ce « je ne voulais pas te déranger », qui non seulement à ruiné toutes tes chances de devenir le roi des fourneaux mais qui n’a pas non plus ravi les papilles de tes proches. Pas besoin de le goûter pour voir (selon la photo que tu m’as envoyé, sans doute fier de toi) qu’il était raté. 

Tout commence par une photo de la préparation du gâteau et un commentaire, qui respire déjà l’insouciance du personnage…
Lui : « Si ça marche je ne saurai pas pourquoi. Et si ça rate non plus. Donc pourvu que ça marche. »
Moi : En voyant la pâte. «T’as mis les œufs déjà ? »
Lui : « Pourquoi il en faut ? »
Moi : « T’es pas sérieux là papa ? »
Lui : « Non je plaisante pas. »
Moi : « Papaaaaaa. »
Lui : « Combien ? »
Moi : « Ahah ! Trois, c’est bien. »
Lui : « C’est quoi ? Une tortilla ? »
Moi : Exaspérée « C'est un gâteau, papa, un gâteau...»

Là, Monsieur me balance une vanne car il pense encore que je le fais marcher. Il se reprends avec : « C’est parti pour les œufs. »
Moi : « Papa tu l’as prise où ta recette ?? T’as mis un demi pot d’huile de tournesol ? »
Lui : « Non un pot entier. Prise nulle part, j’ai pas cherché. »
Moi : « Pourquoi tu m’as pas demandé ??!! »
Lui : « Parce que je ne voulais pas déranger mais voilà, tu participes. »

Mais c’est trop tard, le massacre est déjà fait, j’apprendrais par la suite que le demi paquet de levure fut remplacé par « deux pincées » et je doute encore de la quantité de sucre et de farine qu’il a décidé de mettre. Une photo du gâteau une fois « cuit » me sera envoyée, pour éviter tout drame familial je l’efface très vite et tente d’oublier cet accident.

Ô toi Dieu des Gâteaux, laisse lui une chance, le pauvre innocent ne savait pas, il ne voulait pas profaner ta pâte, je paierai sa dette et je promets de lui apprendre à se servir de ses dix doigts pour préparer le gâteau le plus FACILE du monde.


1 commentaire:

  1. RhoDOdendron. Là où le père réussi à épeler le mot, la fille se trompe lors de l'écriture.
    Tel est pris qui croyait prendre.

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